Col de la Forclaz / Col des Montets

Col de la Forclaz / Col des Montets

9 septembre 2022 2 Par StephOnABike

7 mois avant le départ pour l’Islande… une petit virée cyclo de quelques jours s’impose pour tester une partie du matos et ma configuration roulante.

Après plusieurs hésitations quant à l’itinéraire, je me décide pour une virée alpine Franco-Suisse. Direction Martigny en remontant le Rhône, avant de m’attaquer au Col de la Forclaz et au Col des Montets qui me ramènera sur Chamonix, de là direction les gorges de l’Arly pour rejoindre Ugine, le lac d’Annecy puis le Genevois avec la montée sur Salève par Cruseille.
Un petit 400 km pour 4500 de D+ sur 4 jours 🙂

1er jour

Départ Lundi, presque à l’heure prévue !
La météo est bonne, soleil, pas de vent, mais une petit polaire s’impose pour les premiers kilomètres.

La première couche tombe à Amphion, ou je fais un arrêt à la boulangerie.

Très rapidement j’atteint la frontière Suisse ou je fais une pause au bord du lac autant pour profiter du panorama, que pour tester mon organisation.

Le petit sac étanche de 10 litres sur le porte bagage arrière est redoutable d’efficacité et me permet d’accéder, rapidement et sans contrainte, à mon fauteuil Hélinox Chair Zero.
Quel plaisir de pouvoir s’assoir confortablement… je profite de cet instant de sérénité 🙂

De retour sur la nationale jusqu’au Bouveret ou je rejoins la piste cyclable du Rhône qui ne m’est pas inconnue. Celle-ci me conduit jusqu’à Saint-Maurice ou je retrouve de nouveau la nationale et sa circulation qui me conduit jusqu’à Martigny ou m’attends la gros de la journée.

Tous les cols sont ouverts… pas le choix, il faut y aller !

14h30… déjà 80 kilomètres dans les pattes, je m’engage dans les vignes de Martingy, direction le col de la Forclaz. Avec deux premiers kilomètres à 7,5% je m’élève rapidement. Le troisième kilomètre ne me laissera guère de répit avec un 8%… tout comme les 5 suivants qui ne tomberont pas en dessous de 8,1%.
La météo Valaisanne tient se promesses… je progresse péniblement sous un soleil de plomb, rapidement je tombe le tee-shirt dans l’espoir, naïf, d’échapper à l’étuve !!!

Le poids des bagages me tire inlassablement vers Martigny, les cuisses chauffent. Je savais que j’allais en chi**, mais mon souvenir de la Route des Grandes Alpes était moins douloureux.

Au bout de ma vie, je me décide de m’arrêter quelques minutes tous les kilomètres pour reprendre mon souffle. Au rythme de +/- 12 minutes au kilomètre, la montée s’annonce longue.

16h30… l’heure du gouté… je crève de faim ! Mon repas de midi a été trop frugale. Au bord de la route sur un arrêt de bus je sors le réchaud pour me faire des oeufs brouillés. Je tuerais pour avoir un bout de fromage !!!

Bien requinqué part cette collation et cette bonne demi-heure de pose, je reprends mon ascension au même rythme… 1 kil… je souffle !

Vers le 8ème kil, un cycliste me double en me lâchant un « courage, ça descend pas en dessous de 8% jusqu’en haut« . Déjà bien attaqué, mon moral en prend un sérieux coup.

Passé les dernier lacets, la pente se calme un peu. Mais à 7,5% je dois me faire violence pour avancer. Enfin le col est en vue. Les derniers mètres se font au mental !!!

18h30… le col est sous mes roues. Il m’aura fallut 4 heures d’effort pour en venir à bout !

Epuisé, je cède à la tentation d’un coca, le seul de l’année. Aussi dégueulasse que soit cette boisson, il faut bien reconnaitre que l’effet coup de fouet est radical.
Je m’engouffre dans un… un quoi en fait ?!? Un espèce de cabanon sans allure, ouvert aux quatre vents qui vend boissons et produit locaux. L’endroit est squatté par les motards et les gars du crus. Mon intrusion semble jeter un froid, tous les regards se tournent vers moi. Mal alaise, je me faufile vers le comptoir. Malheureusement, la CB n’est pas acceptée, n’aillant plus de cash, je fais demi-tour un peu malheureux, mais finalement pas mécontent de sortir de ce bouge !!!

Sans perdre de temps, je me lance à l’assaut de la descente… avec enthousiasme et motivation.

Le cyclo-voyageur laisse inexorablement la place au routard descendeur pour un fixe d’adrenaline. Rapide, grisante, les virages s’enchainent à une vitesse peu recommandable pour attelage aussi lourd. Mais quel pied 🙂

En 6 minutes j’arrive au village de Trient, malgré l’heure bien avancée de la journée, je fais un petit stop pour admirer l’Eglise rose et le panorama environnant. Le responsable de cette église vient échanger quelques mots, s’inquiétant d’où je compte passer la nuit. Il me recommande un espace aménagé à quelques centaines de mètres.

Mais ma journée n’est pas finie, je compte bien passer la frontière ce soir et trouver un coin au calme à proximité de Vallorcine.

20h, je trouve enfin la « Terre promise »… un petit coin de paradis en pleine forêt. Quelques ablutions dans la rivière à proximité et me voilà frais et dispo pour reprendre des forces.

Assis dans ma Chair Zero (le confort n’a pas de prix et les 500 grammes de cette micro chaise méritent d’être transportés), je me cuisine mes traditionnelles coquillettes à l’huile d’olive et herbes de provence, auxquelles, faute de jambon de pays, j’ajoute un oeuf. Une bonne tambouille bien consistante pour récupérer de ma journée de « labeur ».

La journée a été longue, je me glisse dans le duvet et sombre rapidement dans un sommeil réparateur.

Fin de la première journée.
110 kilomètres – 7 heures – 1338 mètres D+

2ème jour

Dormir au grand air est toujours un plaisir. La proximité et le bruit de la rivière m’ont passablement empêché de dormir, mais je suis néanmoins en pleine forme ce matin. J’ai les cuisses légères et les genoux ne sont pas douloureux, ce qui est plutôt très bon signe pour la suite du programme.

Profitant des premiers rayons de soleil, je branche mon panneau solaire sur ma powerbank. Le rendement est bon, je suis serein pour mes dépenses énergétiques de la suite de mon voyage, mais surtout pour celui de l’an prochain.


Vérifier les capacités solaires « in situ » est l’un de mes objectifs de ce petit périple. L’an prochain, pour l’Islande, je taille la route avec un Macbook, du matos photo/vidéo ainsi qu’un drone.
Il est donc impératif que je sois autonome pour alimenter tout ce petit monde. Pour ce faire, je compte sur une powerbank Xtorm Voyager de 26.000 mAh et sur un panneau solaire Xtrom Booster 21w.


Après un copieux petit déj composé de céréales, de lait, de thé et de petit pain, je range de matériel sans trop me presser tellement l’endroit invite à la détente.

Le retour sur la route se fait sans difficulté, le pente est faible et me permet d’arriver rapidement sur Vallorcine et une vue splendide sur le massif des Aiguilles Rouges.

La montée sur le col des Montets ne pose aucun problème particulier, la pente n’est pas très violente et gros avantage, j’ai un visuel sur mon point de destination, ce qui mentalement est une aide non négligeable.

A quelques centaines de mètres du col je croise un cyclo-voyageur qui descend à mach 2 vers Trient.

Arrivée au col je m’offre quelques minutes de calme pour profiter du panorama. Mais c’est sans compter sur mon attelage qui attire l’attention. Je me retrouve encerclé par une dizaine de randonneurs curieux.
Solitaire par nature, je me force à passer en mode sociable 🙂 et a répondre aux questions.

Mais l’énivitable ne peut-être évité… Un plus grande gueule que les autres vient me faire un cours magistral sur le voyage en vélo, me donnant des conseils quant à mon équipement et ma façon de voyager, trouvant « aberrant » de rouler en remorque.

N’aillant ni besoin d’avis, ni de conseil (c’est mon quatrième voyage avec remorque, dont la RGA) auquel s’ajoute le fait que je n’ai rien demandé à personne… je prends congé poliment avant que le discussion ne tourne au vinaigre.

La descente vers Chamonix m’attend, rapide, efficace, mais ralentie par des travaux je ne peux laisser rugir le descendeur qui sommeil en moi.

Chamonix derrière moi, il me faut maintenant trouver mon chemin pour rejoindre Saint Gervais et la suite de mon périple. Ma carte n’est pas assez précise, je décide de faire confiance à Google Map… Erreur !!!! Le logiciel de Mountain View m’embarque dans une galère sans nom.

Rapidement, le bitume fait place à du gravier, puis à un chemin caillouteux au profil dangereusement négatif. Chaussé des merveilleux pneus Marathon plus, je ne suis pas équipé pour affronter ce genre de terrain. Je sers les fesses dans cette descende gavé de cailloux. Je suis secoué tel un vieux cocotier, manquant de déraper dans les passages déversant.

Le matériel est mit à rude épreuve, si les sacoches doivent me lâcher, c’est maintenant ou jamais. C’est finalement le but de ce voyage…. tester le matos en condition réelle avant l’Islande !!!
Pas de problème, je test bien !!!

Après quelques minutes dans la machine à laver, je me retrouve face à une portion montante en version VTT… chemin de terre et racine au programme. Dégouté… navré… résigné… je pousse mon vélo, sans savoir combien de temps durera ce calvaire ! Fuck Google !!!

Epuisé, je m’arrête pour reprendre mon souffle, et là… c’est le drame !!!

J’ai perdu ma Gore et mon chapeau dans la bataille 😮

Pour plus de commodité d’accès, j’ai l’habitude de fixer veste et pantalon de pluie sur chacune de mes sacoches avant. Le concept à toujours été gagnant… jusqu’à aujourd’hui !

Exténué, je n’ai pas le courage de faire demi-tour pour tenter de retrouver mon matos. Après plusieurs kilomètres de descente chaotique, il a pu se décrocher et tomber n’importe où !!!

Je suis dépité, sans veste de pluie, avec des orages annoncées pour la soirée, ma rando se voit bien compromise. Sans aucune solution de secours, je commence à envisager un retour au bercail prématuré 🙁


Baroud d’honneur… ma veste était en fin de vie… 10 ans que je la trainais au quotidien en vélotaf, 10 hivers à me protéger de la pluie, de la neige, du vent ! Elle était « rincée », mes derniers trajets pluvieux me permettait tout au plus d’être moins mouillé dedans que dehors.
C’est finalement une belle fin qu’elle vient d’avoir… une « mort au champ d’honneur »… si je suis toutefois désolé d’abandonner, bien malgré moi, un déchet dans la nature ! Avec un peu de chance, les randonneurs que j’ai doublé en descente la ramasseront.


La mort dans l’âme, je reprends mon calvaire quand soudain, je me trouve nez à nez avec un panneau indiquant « Gare de Vaudagne », sauvé… je vais retrouver l’asphalte !

Mais rien n’est simple aujourd’hui…

La « Gare de Vaudagne » est tout au plus un simple cabanon, perdu en pleine montagne, une pancarte indiquant « faite signe au train pour qu’il s’arrête » 🙂
J’ai l’impression d’être en plein far-ouest, il me manque qu’un vautour perché pour compléter le tableau. J’hésite à prendre ce train, un rapide coup d’oeil aux horaires m’indique que le prochain train est pour dans une demi-heure !

J’abandonne mon vélo ici et part à pied pour reconnaitre le terrain. Les quelques centaines de mètres à venir ressemble à la piste de coupe du monde de DH des Gets, la lutte s’annonce rude pour faire passer mon vélo par ce sentier. Je décide donc, non sans regret de m’embarquer à bord du train, direction Saint-Gervais, signant ainsi la fin de mon aventure !

Arrivé à la gare de Saint-Gervais la galère n’est pas finie ! La ligne venant de Cham est en plein milieu des voies, il faut empreinter un tunnel et deux escaliers sans aménagement pour les vélos pour rejoindre la sortie.
Par chance, une dame à mobilité réduite est confronté aux mêmes escaliers que moi. Le chef de gare lui ouvre un portillon, permettant de franchir les rails. Je tente ma chance auprès du Chef de gare pour enprunter ce passage magique. Malgré ses réticences, j’arrive finalement à le convraincre de me laisser passer… si vous me lisez « encore une fois, un grand merci à vous« .

Après une bonne omelette au fromage et un café en copagnie d’un copain qui m’a rejoint pour l’occasion je reprends la route… l’aventure est finie, mais pas la route.

Les quelques kilomètres restants, dont une partie de piste cyclable le long de l’autoroute blanche, sont d’une platitude affligeante et sans surprise. Heureusement les montagnes bordant de la vallée de l’Arve m’offrent un spectacle magnifique.

A partir de Bonneville, c’est route nationale jusqu’à Perrignier… rien d’excitant… des kilomètres parmi les voitures.

Seule la météo donne un peu de piquant à mes derniers kilomètres. Arrivé à proximité d’Annemasse le ciel se charge dangereusement, virant du gris au noir menaçant. Le tonnerre se fait entendre. C’est pour moi désormais une fuite en avant pour éviter la douche.

Celle-ci me rattrapera à 15 kilomètres de chez moi, de la plus belle manière qui soit !

Le Jura et le lac Léman sont encore dans le soleil, alors que des trombes d’eau se déversent sur moi. L’instant est magique et mérite de se faire rincer. Une lumière orange baigne les prémisses du Chablais, exacerbant le vert des cultures environnantes.
Trempé, je savoure néanmoins cet instant féérique, guettant l’apparition d’un arc-en-ciel.

Cette fin de périple est une explosion de sensation, mettant au rang d’anecdote les péripéties de la journée.

120 km – 6h26 – 772 mètres D+


Une petite virée qui se termine queue de poisson, mais qui au final aura été bien instructive. J’ai pu vérifier mon matériel, définir mes besoins énergétiques et valider mon organisation.
Il ne reste plus qu’a apprendre de mon erreur du jour, car sur 3 mois de voyage, surtout en Islande, la perte d’une protection de pluie/vent ruinerait tout espoir de boucler mon itinéraire.
A méditer donc…

Prochain périple en début d’hiver avec les premiers frimas afin de tester les conditions probables de l’Islande.


Le tout en images…