Day One…
Seyðisfjörður – Reydafjörður
70km – 2050 m D+
La dernière nuit passée en mer n’a pas été de tout confort. Une houle de 6 à 7 mètres a bien chahuté le MS-Norrøna, me faisant atteindre mon seuil de tolérance au mal de mer. Il n’en faudrait à peine plus pour me rendre vraiment malade.
A 5h30, mon impatience atteint également ses limites, je me précipite sur le pont extérieur pour profiter de l’approche de l’Islande. Le soleil est déjà bien haut dans le ciel, la mer continue de se déchaîner accompagné par un vent glacial, faisant basculer la température en dessous de zéro. Je suis submergé par deux émotions contradictoires… une impatience exaltante et une angoisse tenace, conférant à ce voyage une aura presque surréaliste.
Après deux heures au grand air, la faim qui me tiraille. Anticipant le mois – vraisemblablement frugale – qui m’attend, je décide de rejoindre le buffet petit déj pour m’envoyer un copieux repas et faire un peu de gras ! Pancakes et sirop d’érable, entre autre, vont en faire les frais.
De retour sur le pont supérieur, je suis frappé par le paysage que je découvre… L’Islande est toute blanche, des sommets des montagnes jusqu’au bord de l’océan. L’excitation laisse soudainement place à un sentiment de doute. Bien conscient que ce voyait n’allais pas être une partie de plaisir, je ne m’attendais pas à être confronté à la neige dès mon arrivé.
L’entrée dans le fjord de Seyðisfjörður est une expérience magique. Le vent est tombé, bloqué par les pentes abruptes du fjord. Celle-ci, couverte de neige, contraste avec un magnifique ciel bleu. Un spectacle grandiose, bien au delà de tout ce que j’ai pu imaginer.
Après un passage rapide par le contrôle des douanes, l’Islande s’offre enfin à moi.
La découverte de l’île commence par l’un des lieux emblématiques islandais : l’église de Seyðisfjörður et le non moins fameux chemin pavé aux couleur LGBT qui y conduit.
Mes rêveries prennent rapidement fin lorsque je visite l’épicerie de la ville pour faire quelques provisions. Un poivron, deux bananes et un (petit) pot de crème fraîche (ou quelque chose d’approchant) pour la modique somme de 15€ me laisse dubitatif quant au budget alimentation pour le mois à venir. Heureusement, les pâtes semblent nettement plus accessibles !
Conseil :
Pour vos premières courses, attendez d’être à Egilsstaðir, vous y trouverez un Bónus et un Nettó, deux supermarchés aux prix et au choix nettement plus attractif.
Quelques minutes plus tard, je retrouve Martin et Tristan, mes deux compagnons « d’infortune ». Ensemble, nous allons rouler jusqu’à Egilsstaðir, où nos chemins se sépareront.
A chacun son aventure !!!
Mais pour l’instant, il nous faut nous extraire du fjord de Seyðisfjörður. Cette aventure débute sous une météo favorable – soleil radieux et absence de vent. Malgré une température proche de zéro, je suis rapidement en sueur. L’ascension jusqu’au col n’est pas insurmontable – les portions abruptes étant entre-coupées de replats salvateurs – mais ce petit jeux s’étire sur 12 kilomètres. Il nous faudra pas moins de deux heures pour atteindre le col et le plateau final ou un vent soutenu nous attend, faisant chuter la température en dessous dessous de zéro.
Pour l’instant l’Islande tient toutes ses promesses, me faisant évoluer dans des paysages grandioses.
La descente vers Egilsstaðir est un soulagement, mais elle offre également une perspective inquiétante pour la fin du voyage. Si quitter le fjord n’est pas de tout repos, ce n’est rien à comparer à la raideur de l’ascension qui m’attend dans 5 semaines pour rejoindre le ferry.
Après de longues minutes de descente, nous voici aux portes d’Egilsstaðir, où j’abandonne mes compagnons. Martin et Tristan prennent la direction de la ville, tandis que je m’engage sur la route circulaire en direction de la côte sud via les fjords de l’est. Nous nous re-croiserons certainement, mais en tout cas, nous restons en contact grâce à Whatsapp.
C’est donc en solitaire que je découvre la réalité des routes islandaises : un goudron imparfait, plus proche du gravillon compacté que de l’enrobé à la française, mais surtout des faux plats montants interminables. Chaque montée en cachant une autre ! Le tout accompagné d’un vent de face persistant. J’en suis désormais certain, mon périple islandais ne va pas être de tout repos.
Après quelques kilomètres parcourus, une autre évidence s’impose à moi : la beauté des paysages dans lesquels je vais évoluer au cours du mois à venir vont sérieusement contrarier ma progression. Chaque instant de ce premier jour de voyage est une invitation à la contemplation et à la rêverie, m’incitant à m’arrêter continuellement pour profiter du spectacle. Mentalement je recalcule la distance minimale à parcourir quotidiennement pour achever les 3200 kilomètres de mon itinéraire dans les temps. Il semble désormais évident que les 100 kilomètres journalier prévu vont être un challenge à relever.
Il est 20h00 quand j’atteins Reyðarfjörður, le premier fjord du voyage. L’occasion également de quitter la route numéro 1 pour m’engager sur ma première portion de piste : la route 965. Après quelques kilomètres, je trouve un endroit magique pour installer mon premier bivouac.
Celui-ci risque d’être rude, à 22h00 quand je me mets au chaud sous la tente, la température est de 3°. Par chance le vent est tombé, en revanche la proximité du fjord est à coup sur la garantie d’une bonne condensation demain matin.
Rompu par cette première journée riche en émotions je n’ai pas le courage de me mettre au fourneau. Pour ce soir, ce sera un lyophilisé de chez Voyager qui fera l’affaire !
Mais pour l’instant, une seule question me tracasse :
Qu’en est il du bivouac en Islande, celui-ci est-il réellement toléré pour les cyclotouristes ?
Installé à proximité de la piste, à la vue de tous, c’est le moment de vérité ! Les quelques rares voitures qui passent ne semblent s’intéresser à ma présence. Un peu rassuré, je sombre dans un profond sommeil.