Col de la Faucille…
Il y a bien longtemps que je regarde les pentes du Jura, de l’autre côté du lac Léman, avec une envie… le col de la Faucille. Mais la distance pour se rendre au pied du Jura a toujours freiné mes ardeurs.
Cette année, les 6200 km d’échauffement de ma « petite » balade islandaise m’offrent la condition physique et le mental nécessaire pour aller me frotter aux pentes des sommets jurassiens.
Profitant de mon jour de congé et de prévisions météo clémentes, je prépare rapidement mon itinéraire sur Garmin Connect.
Respectant ma philosophie, le départ et fin se font à la maison. Avec 150 km pour 1800 de D+, ma sortie me fait traverser Genève, rejoindre le Pays de Gex avant d’attaquer l’ascension du col de la Faucille. La montée engloutie, je bascule sur le Jura pour rejoindre le col de la Givrine, avant de redescendre sur Nyon pour reprendre la route de la maison via Genève et le Bas-Chablais.
Une sortie sérieuse, mais pas insurmontable non plus !!!
Mais la météo n’est pas aussi bonne que prévue, le ciel est chargée et une légère bruine joue les troubles fête, mais l’envie d’aller me frotter au col de la Faucille est trop grande.
Ce n’est pas trois gouttes de pluie qui vont me perturber.
8h30, je prends la route. Après quelques minutes la bruine se transforme en fine pluie, un instant d’hésitation… Et ma motivation prend le dessus !
Genève est rapidement atteint. Sa traversée est sans surprise, circulation dense, klaxon a tout va, air bien polluée. Le pont du Mont-Blanc passé, c’est une succession de bosses qui me conduit rapidement dans l’Ain et au pied de mon objectif du jour, le col de la Faucille.
Ce pas en soit, un très gros col, seulement 12 km pour une pente moyenne de 6%, mais il ma faut en garder sous le pied pour le retour.
Les premiers 4 premiers kilomètres sont une mise en jambe intéressante avec une pente régulière à environ 4% avant un premier coup de cul à 8% qui passe étonnamment bien. Retour sur du 4% pour deux kilomètres avant d’attaquer les trois derniers kilomètres entre 8 et 10%. Je suis bien, le rythme est bon, je maintient une moyenne de 15 km/h.
La météo semble vouloir s’améliorer. De belles percées de ciel bleu m’accompagne durant la montée, m’offrant un magnifique panorama sur les Alpes. La motivation est à son plus haut niveau et je repense à la belle connerie que j’ai lâché à ma Chérie ce matin au petit déjeuné… « Et si je terminais l’ascension de la Faucille par un tour du lac ».
Seul dans cette ascension, cette idée est petit à petit en train de grandir dans mon esprit. J’adore laisser une place à l’imprévu et à la folie. Le dernier kilomètre du col sont est déjà sous mes roues et je me sens vraiment bien !!!
Je passe le col sans m’arrêter et bascule sans attendre sur le versant nord du Jura, ou longeant dans une ambiance magique, une splendide forêt de sapins, je prends la direction de la Cure pour rejoindre la col de la Givrine. Les températures se sont bien rafraichies, la route est détrempée, témoin d’une récente averse. Mon enthousiasme n’en est pas érodé pour autant et je fil bon train vers mon prochain objectif.
Le col de la Givrine, depuis La Cure, n’est pas un gros morceaux avec ces 4 kilomètres à 4%, mais avec 80 km au compteur, il va conditionner la suite de la journée en fonction de mon état de fatigue.
Les cuisses vont bien, pas de signe de fatigue, c’est décidé, je prends direction Lausanne pour un tour du lac Léman pour terminer la sortie.
La descente sur Nyon est rapide… mais pas encore assez ! Très rapidement je me retrouve derrière une dizaine de voiture qui m’oblige à être constamment sur les freins. Sans opportunité « sécu » pour doubler, la vitesse chute radicalement. De 60 km/h sur les premiers kilomètres, je me retrouve à devoir subir un misérable 40… La dernière épingle à cheveux passée, j’ai enfin la possibilité de lâcher les watts et d’atteindre les 80 km/h.
Nyon… point de non retour… une fraction de seconde d’hésitation et je prends plein est en direction de Lausanne et du tour du lac. Déjà 100 km et 1300 m de D+ dans les jambes et va falloir rouler intelligemment pour parcourir les 130 km restant.
Le tour du lac est sans surprise, une succession de bosses, casse pattes et comme à chaque fois, pas de roues à sucer. C’est donc en solo, la tête dans le guidon que j’avance, résistant à l’envie de péter la moyenne.
Si le versant nord du Jura était en mode pluie latente, le versant lémanique est quant à lui en mode soleil, sans trop de vent.
Me voilà au bout du lac, à franchir le Rhône par le pont de Saix. Cette portion est habituellement un enfer… avec un vent de face tenace. Les habitudes ne seront pas changées aujourd’hui. Le retour va être long, j’en ai peur, les cuisses commencent à se faire sentir.
Evian passé, je sens la fatigue me rattraper, mais c’est à Thonon que la machine présente vraiment des signes de faiblesse. Un coup de fringale me casse les jambes, m’obligeant à m’arrêter à la fontaine de la Versoie, faire le plein d’eau de Thonon et souffler quelques minutes. Les 20 km restant à parcourir vont se faire au forceps.
Le dernier coup de cul, à 5 km de la maison me donne le coup de grâce. Si la moyenne était bonne jusqu’à maintenant… 30 km/h, je la vois chuter mètre après mètre… le faux plat montant des bois de Margencel est un enfer à parcourir, comme souvent !!!
222 kilomètre à une respectable vitesse de 26 de moyenne… le dénivelé annonce quant à lui 1900 m. Une belle manière de passer la barre des 200 km en vélo, une première pour moi.
Heureux de l’avoir fait, mais ruiné physiquement, je m’abandonne à mon meilleur ami du moment… Compex !!!