Teaser
La mise en ligne du récit de mon périple islandais a prit beaucoup de retard. Le tri des milliers de photos et des centaines d’heures de vidéo me prend plus de temps que je ne l’avais imaginé.
Par ailleurs, la rédaction d’un article en collaboration avec « Les Carnets d’Aventure » a été fort chronophage, mais ça y est… la maquette du numéro 73 spécial Islande, dont la partition est prévue en octobre prochain, est bouclée. Je vais désormais pouvoir me consacrer à la mise à jour de mon blog et poster du contenu sur Insta.
En attendant, je vous propose de découvrir ce petit récit (fort synthétique) de mon expérience islandaise. Revenez régulièrement visiter le blog, ou encore mieux, abonnez-vous pour recevoir les notifications de mise à jour.
Prologue
Il y a maintenant trois semaines que j’ai quitté ma maison près du lac Léman pour entamer un incroyable périple à vélo en direction de l’Islande. Ce voyage se transforme rapidement en une expérience profondément thérapeutique. Dès les premiers jours, une vague d’euphorie me submerge. Les trois prochains mois, réduit à l’essentiel : pédaler, manger, dormir, loin du tumulte du quotidien, risquent bien de me réserver d’autres surprises émotionnelles.
La traversée de la Suisse se passe globalement bien, à l’exception d’une petite erreur de parcours qui me fait affronter une route escarpée à presque 20 %, me rappelant que ce voyage ne va pas être de tout repos. L’Allemagne me réserve son lot d’instants magiques, avec des kilomètres de chemins de gravel à travers des forêts magnifiques et des champs de colza à perte de vue, mais aussi de galères avec ses collines abruptes. Le Danemark, quant à lui, m’offre un avant-goût de l’Islande avec des interminables faux plats montants balayés par un vent de face tenace.
Après 18 jours de pédalage sans relâche et 1800 km parcouru, j’atteins Hirtshals et la mer du Nord ou le MS-Norrøna, le ferry de la Smyril Line en direction de l’Islande m’attend. À ce moment précis, je réalise que je viens de concrétiser mon rêve : rejoindre l’Islande à vélo en solitaire. Tout ce qui m’attend désormais n’est qu’un précieux bonus.
La terre promise
Après trois jours en mer, une vision captivante se profile à l’horizon. Incrédule, je saisis mes jumelles. L’Islande se révèle à moi, drapée de neige, et les prévisions météo annoncent de nouvelles chutes de neige dans le nord, aussi je décide de débuter mon périple par la côte méridionale de l’île.
Quelques jours plus tard, à Vik, je me demande si ce choix a été judicieux. Si les deux premiers jours en terre islandaise m’avaient offert une météo exceptionnellement clémente, voilà maintenant 10 jours que le vent se déchaine avec une violence inimaginable. Chaque jour se transforme en une lutte pour rester en selle et avancer, j’ai l’impression de me trouver face à une montagne invisible. Les journées sont interminables, à l’image de ces routes qui semblent s’étirer à l’infini, et m’épuisent tant physiquement que mentalement. Cette situation persistera jusqu’à Reykjavik.
Dès lors, je me vois obligé de modifier mon itinéraire et d’abandonner mes projets de fjords de l’ouest si je compte rejoindre Seyðisfjörður et le ferry retour à temps. Je coupe pleins nord, profitant de l’occasion pour faire un détour par le site historique de Þingvellir, avant de rejoindre Hrútafjörður et pouvoir enfin abandonner la route circulaire au profits des pistes plus ou moins chaotiques des fjords du nord.
A la faveur d’une météo plus clémente, mon aventure prend un air de « vacances ». Rouler (re)devient un plaisir, d’autant plus que l’environnement est un enchantement. Si la côte sud n’était que magnifique désolation avec ses champs de lave à perte de vue et ses inquiétantes plages de sable noir, la côte nord fait la part belle aux champs du lupin d’Alaska et aux forêts mélèze de Sibérie. La faune n’est pas en reste, aux milliers de moutons, omniprésent en Islande, viennent s’ajouter des colonies de macareux et de sternes arctiques qui n’hésitent à m’attaquer en formation serrée pour protéger leurs nids.
Epilogue
Arrivé à Egilsstaðir avec 5 jours d’avance, je profite d’une météo estivale pour découvrir la côte est en mode gravel « tête dans le guidon », avant de rallier Seyðisfjörður et d’embarquer sur le ferry direction le Danemark.
Après un dernier regard sur l’Islande, je rejoins la « Lanterna Magica », le salon panoramique du MS Norrøna, où, vautré dans un canapé, je tente de répondre à la question qui hante mon esprit depuis mon arrivée : Que suis-je venu chercher en Islande ?
Malgré trois jours de traversée et quinze jours à parcourir l’Europe pour rentrer à la maison, la réponse n’est pas évidente à trouver ! La seule certitude, c’est que l’Islande a tenue toutes ses promesses, m’offrant une expérience de vie hors du commun. Si les insulaires, habitués à ces conditions de vie hors du commun semblent indifférent aux épreuves endurées par les cyclo-voyageurs, il en va autrement des touristes et expats dont la bienveillance est aussi surprenante qu’appréciée. Ma plus belle rencontre sera Andréa & Tudor, un couple d’expat roumain qui me voyant lutter contre un vent démoniaque, m’ont spontanément offert un abri pour la nuit.
Il m’aura fallu 31 jours et dépasser mes limites, tant physiques que mentales, pour parcourir les 2600 km et les 30’000 m de dénivelé de mon aventure islandaise. Et 77 pour faire un « tour du lac Léman » un peu particulier de 6400 km 😊
Un voyage sous forme de thérapie qui aura modifié ma perception du quotidien…